copier, coller d'un message de BLOOM
Chers soutiens,
Nous profitons de la dernière fenêtre de janvier pour vous souhaiter une merveilleuse année. Oui, nous savons combien il est difficile de croire encore au « merveilleux » alors que le dérèglement climatique dévaste le monde jusque sur nos territoires, emportant tout sur son passage, les biens, les vies et la possibilité même de se projeter alors que le sol se dérobe sous nos pieds, alors que le néo-fascisme a gagné aux Etats-Unis, que les militants écologistes sont condamnés en Angleterre à plusieurs années de prison pour avoir participé à une réunion zoom, que les agents tentant de protéger la nature de l’Office français de la biodiversité sont agressés physiquement et jetés en pâture par un pouvoir politique qui se retranche dans sa forteresse d’illégitimité et se ghettoïse toujours plus dans sa sécession vis-à-vis de l’intérêt général.
Mais.
Il y a toujours un « mais ».
Ce « mais », c’est nous, c’est vous, c’est la puissance que nous formons ensemble. C’est elle, la lumière dans le tunnel : la grandeur d’âme citoyenne. Notre persévérance renouvelée.
Et vous allez voir : en cette année de l’océan, maintenant que les médias se préparent à braquer en masse leur projecteurs sur la Conférence des Nations Unies sur l’océan qui se tiendra début juin en France, nous arriverons à arracher des victoires à un système qui veut nous entraîner dans sa chute.
Les toutes premières heures de janvier n’avaient pas sonné que nous étions déjà sur le ring.
Janvier au front
Le 2 janvier, notre fondatrice Claire Nouvian intervenait sur France Inter dans l’émission du philosophe Charles Pépin ‘Sous le soleil de Platon’, à réécouter ici.
L’après-midi même, le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard nous attaquait dans un communiqué de presse, en nous faisant l’honneur de nous identifier publiquement comme la bête noire des lobbies industriels (qu’il défend ardemment). Effet Streisand garanti : alors que Claire ne le citait pas nommément dans l’émission, il s’est senti visé lorsqu’elle a dénoncé la collusion néfaste des pouvoirs publics avec les destructeurs de l’océan. Résultat : son attaque nous a donné l’occasion de mettre en lumière un projet absolument honteux que le Conseil régional de Bretagne, sous sa gouverne, a voté massivement (à l’exception notoire des élus écologistes).
C’est tout à fait ahurissant donc tenez-vous bien, chaque mot est précis (et pour plus de détails, lire ici) : en juin dernier, la région Bretagne a voté la création d’un fonds de trois millions d’euros qui va permettre… de contourner l’interdiction européenne de subventionner la construction de navires de pêche ! Oui, vous avez bien lu ! Ce n’est pas un poisson d’avril. L’argent public va alimenter un fonds privé dont la région Bretagne sera la seule actionnaire : une sorte de société-écran permettant de siphonner des aides publiques, contre la loi, pour accélérer la destruction de l’océan et du climat !
Nous avons évidemment attaqué ce vote scandaleux en justice, le 20 décembre dernier.
Et miracle des réseaux bretons : alors que le 8 janvier, nous tenions notre grande conférence de presse de lancement de l’année de l’océan avec nos collègues d’Oceana, de Seas-At-Risk, de la LPO et d’autres membres de la Coalition citoyenne pour la protection de l’océan, nous apprenions que la justice administrative bretonne s’était déjà prononcée sur notre recours du 20 décembre ! Incroyable mais vrai… Nous qui attendons des mois, voire des années, sur un grand nombre de recours, nous avons été déboutés manu militari par le tribunal administratif de Rennes. L’une des rares décisions de justice qui nous a fait éclater de rire tant elle vient au secours du politique. Mais ne vous inquiétez pas, notre esprit de sérieux n’a été détourné que quelques minutes : il est bien entendu que vous pourrez compter sur nous pour faire appel de cette décision sidérante et gagner le combat contre ce « contournement » d’argent public(Plus de détails ici).
400 cas de fraude dans des zones protégées
Vous savez pourquoi rien n’arrêtera notre lutte contre les ravages commis par les pêches industrielles ? Parce que l’échelle industrielle n’est pas seulement incompatible avec la durabilité écosystémique, elle est incompatible avec la démocratie.
Et c’est ce qu’une année de recherche, menée conjointement avec nos collègues de la Deep Sea Conservation Coalition et de l’ONG Marine Conservation Institute, et que nous avons publiée le 15 janvier dans la prestigieuse revue scientifique « Science Advances » a révélé : notre analyse des données satellite des navires de pêche espagnols, portugais et français a pointé plus de 400 cas de fraudes suspectées dans des zones qui sont pourtant interdites aux navires en raison de l’extrême fragilité des écosystèmes. (Ici pour en savoir plus). Il aura fallu des années de lutte pour arracher quelques confettis de protection dans les zones profondes, et même si la pêche a drastiquement chuté dans les zones protégées, notre analyse montre que les navires sont très loin de respecter scrupuleusement les rares interdits qui leur sont imposés.
Nous avons évidemment porté plainte auprès de la Commission européenne car ce qu’impliquent, car ce qu’impliquent concrètement ces infractions manifestes et délibérées à la loi, c’est la destruction silencieuse, loin de nos regards et de nos consciences, des écosystèmes marins les plus fragiles, abritant des coraux multimillénaires et des espèces extrêmement longévives et vulnérables telles que les requins profonds, les éponges délicates ou les poulpes à oreilles.
Pas surveillés, pas vus, pas pris
La survie même des industriels de la pêche dépend des pouvoirs politiques : sans argent public, les chalutiers sont en faillite, envoyés au tapis par leurs notes de gasoil. Sans complaisance des autorités publiques, une grande partie des industriels serait en prison pour fraudes, évasion fiscale, tromperie, violations de droits humains, conflits d’intérêt, corruption et nous en passons, vous avez suivi nos révélations et vous connaissez la nature frauduleuse des activités industrielles de pêche.
Notre enquête sur les fraudes massives des navires dans les zones protégées des profondeurs océaniques a d’ailleurs révélé une nouvelle « dinguerie » : l’État français ne contrôle absolument pas les navires agissant en dehors des eaux côtières ! Et encore… (nous n’en revenons toujours pas) : le Centre national de surveillance des pêches surveille uniquement le chalutage dans la zone des trois milles nautiques pour les navires français ou dans la zone des 12 milles nautiques pour les navires non-français.
En dehors des 12 milles nautiques et dans les eaux lointaines ? Rien. La paix royale…
Pas surveillés, pas vus, pas pris.
Les destructeurs de l’océan à l’Élysée...
La destruction de l’océan ne peut se poursuivre qu’à cette seule condition : il faut qu’elle opère dans l’opacité, qu’elle soit financée par les citoyens sur argent public, exemptée des règles de droit commun, et donc adoubée par les hautes sphères de décision. Tout le contraire de la société civile en somme.
Vous nous connaissez, nous n’avons pas du tout l’intention de laisser cet état de fait se perpétuer. C’est pourquoi nous avons réagi très fortement en apprenant que l’Élysée organisait une réunion de « préparation » de la Conférence des Nations Unies sur l’océan le 14 janvier avec… Olivier Le Nézet, le tout-puissant président du Comité des pêches, cumulant plus de 20 mandats et agissant pour la pêche industrielle comme l’alter égo de Willy Schraen pour la chasse (lire son portrait dans la Revue 21).
Cela signifie qu’Emmanuel Macron et son entourage sont briefés par des lobbies industriels connus pour mentir, tricher, rejeter la science, enfreindre les règles et s’enrichir sur la base de la destruction des communs : l’océan, la biodiversité, le climat et les finances publiques.
Claire Nouvian a posté une vidéo sur son compte Instagram pour dénoncer le fait que le lobby de la pêche industrielle soit convié à l’Élysée, et non les pêcheurs artisans, les scientifiques ou les associations spécialistes de l’océan. Elle alertait sur le risque que représentait un tel cénacle au moment où le chef de l’État était en train de déterminer sa feuille de route et de prendre des décisions qui déterminent la stabilité de l’océan et du climat et donc notre avenir.
… Les ONG au ministère
Dans la foulée de cette interpellation, nous avons été longuement reçus le 30 janvier par la ministre de la transition écologique, Mme Agnès Pannier-Runacher, avec nos collègues de la LPO, de FNE et du WWF. Nous avons pu conjointement plaider pour que la France apporte des réponses satisfaisantes aux enjeux sans précédent qui condamnent notre avenir si le politique échoue une nouvelle fois à agir.
Les demandes prioritaires parmi les 15 points de la Coalition citoyenne pour la protection de l’océan que nous avons portées sont :
D’abandonner la protection « au cas par cas » pour annoncer une protection véritable des aires marines protégées dans 30% des eaux françaises, c’est-à-dire en y interdisant toutes les activités et infrastructures industrielles, notamment les engins de pêche tractés comme le chalutage pélagique (rappelez-vous les immenses navires-usines dans les aires marines dites « protégées » de la Manche) ou le chalutage de fond qui arrache tout sur son passage.
Un tiers des zones protégées (soit 10% de nos eaux au total) en protection « stricte », sans aucune activité extractive (aucune pêche).
L’interdiction des navires industriels de plus de 25 mètres dans les eaux côtières françaises (12 milles nautiques).
L’interdiction pour les entreprises françaises de participer au développement de tout nouveau projet d’exploitation d’énergies fossiles, en France et à l’étranger.
L’ouverture de négociations internationales pour un traité de non-prolifération des énergies fossiles.
Victoire en vue, toutes et tous sur le pont !
L'échange avec la ministre fut franc, l’écoute attentive et le progrès tangible : nos années de campagne, votre mobilisation sans faille pour l’océan, le climat et les animaux marins commencent à porter leurs fruits.
Nous avons enfin pu discuter ouvertement avec une ministre de l’interdiction des méthodes de pêche destructrices à l’intérieur des zones dites « protégées ».
Il est apparu clairement que la fausse protection « à la française » n’était plus tenable. Le monde entier sait désormais que la France protège les chalutiers qui raclent les fonds, au lieu de protéger les écosystèmes, les animaux, le climat et les citoyens.
Nous ne doutons plus qu’une victoire concrète est possible.
Un seul verrou bloque cette victoire désormais à portée de main : Emmanuel Macron.
Nous devons faire sauter ce verrou ensemble.
Nous avons écrit à Emmanuel Macron pour lui demander un rendez-vous urgent, car tout se décide en ce moment.
C’est là que vous intervenez : votre mobilisation est absolument cruciale.
Nous sommes à quelques semaines d’un premier sommet important pour l’océan : fin mars, Emmanuel Macron réunit une cinquantaine de chefs d’États à Paris en amont même de la Conférence des Nations Unies sur l’océan.
Nous devons faire gonfler notre vague citoyenne pour montrer que nous sommes conscients et soucieux des enjeux, que nous avons bien compris qu’il n’y aurait pas de salut pour l’humanité et le climat sans mettre fin à la destruction de l’océan.
Voici comment agir concrètement en vue de cette victoire :
Signez notre pétition pour de véritables aires marines protégées si ce n’est pas déjà fait :
https://link.bloomassociation.org/petitionmpaConvainquez au moins trois personnes de votre entourage de la signer et de la faire circuler. Nous sommes déjà près de 150 000, allons beaucoup plus loin !
Soutenez notre effort de guerre ! Notre programme au cours de cette année cruciale pour l’océan est très chargé et coûteux. Tous vos dons seront transformés en actions de plaidoyer, de mobilisation, de conscientisation. Et à la fin… nous gagnerons !
Soutenez notre effort de guerre !
2025 sera une année de victoires parce que nous les construirons ensemble.
Action !
Et amitiés
L’équipe de BLOOM