salut à tous,
un "petit" (ouai je sais, il est beaucoup trop long, mais je ne sais pas faire plus court
) cr de ma journée de guidage d'avant-hier (une fois n'est pas coutume). Donc hier, samedi 26 juin, je "guide" dans les Côtes d'Armor, sur la côte du Goëlo, càd. entre St Brieuc et Paimpol... Mon client, Jérôme P., d'une trentaine d'années, sympa, et une journée "habituelle" et normale pour moi. Rien à signaler donc d'extraordinaire... jusque 16 h.30. Nous avons déjà tous les 2 une bonne journée derrière nous (pas loin d'une douzaine de kilomètres dans les bras), et je commence donc à penser au retour... Nous sommes distants d'un gros mille de la côte, dans un chapelet d'ilôts... Le coef. hier était de 77, avec un marnage de 8 mètres... Nous rentrons alors dans la 3ème heure de montant, càd. à un moment où le courant va atteindre sa plus grande force... La mer était très calme ce matin, mais une petite brise de noroît est apparue avec la montante... Je décide de "couper" par le nord d'un ilôt, ce qui devrait nous permettre de gagner un peu de temps sur le chemin de notre retour... D'autant plus, qu'au montant, à cette pointe nord, j'y ai souvent pris des poissons ! Nous pêchons rapidement la côte est de l'ilôt, et à une centaine de mètres de ladite pointe, surgissent de nulle part, 2 kayakistes, non pêcheurs, en balade... Ils sont tous les 2 sur des Disco. Put... , ils me passent sur ma ligne ! Je leur retourne leurs saluts, et leur "pardonne" leur "trajectoire" (pardonnez-leur, "ils" ne savent pas ce qu'ils font, lol !). Ils abordent la pointe, ça chahute très dur... Pas des grosses vagues, non, mais une impression de "machine à laver sur essorage"... Nous, mon client et moi, sommes dans le contre-courant, donc pour nous c'est peinard (mais vu les conditions que je vois devant moi, j'ai déjà pris à ce moment là la décision de faire demi tour). Les 2 disco men sont dans la "machine à laver"... Le premier passe près du bord (4/5 mètres), et malgré s'être fait bien secoué, et s'être sans doute bien amusé (c'est certainement leur but en passant par là), il réussit à passer... Le 2ème, un peu plus au large, est dans le tambour... Les quelques mètres de différence dans la trajectoire lui seront sans doute fatals... Badaboum ! Je ne le quitte plus maintenant du coin de l'oeil... Il fait pourtant ce qu'il faut, rattrape sa pagaie (non leashée !), retourne son bateau, et tente la remontée... Réussie, mais il est tellement secoué, qu'il n'arrive pas à s'équilibrer... et re boum... Il fait 3 autres tentatives, mais maintenant il met de plus en plus de temps à renouveler ses tentatives, because la fatigue... Si j'y vais maintenant, si c'est un kayakiste de bon niveau... "y" risque de m'engueuler de me mêler de ce qui ne me regarde pas... Mais qu'il le veuille ou non, en tant que spectateur, je me sens de plus en plus "impliqué"... Surtout qu'il a commencé maintenant à dériver sérieusement vers le large... Changement de strategie pour lui, il décide de tenter de rejoindre la côte (une bonne trentaine de mètres à ce moment là) en nageant, en poussant son kayak devant lui... Trop compliqué et trop fatiguant ! Après peut être une demie minute ainsi, il n'en peut visiblement plus.... et là, il nous appelle... J'étais près, donc je "fonce" autant que je le peux dans sa direction... Mais en pagayant pour le rejoindre, une foule de pensées me traversent l'esprit... et je me parle à moi-même : bon d'accord, tu as "moniteur" de marqué sur le dos de ton gilet... mais quand tu as été confronté à ce genre de situation par le passé, lors de passage d'examens ou de stages sécu. mer, il y avait toujours un groupe autour, et un responsable dont c'est le job. Là, mon gars, quand tu vas le rejoindre, il va falloir faire les bons gestes, et en fonction de la situation qui évoluera forcément, prendre les bonnes décisions, car à ce moment là, je suis... "seul" au monde ! Plus aucun bateau à l'horizon, mon client impuissant laissé derrière et spectateur, et son pote, parti je ne sais où ? Je rejoins le type... Nous mettons nos bateaux têtes à cul, et l'aide à tenter de monter dedans... Il y arrive par 3 fois, mais trop crevé, rechute à chaque tentative (on est a ce moment là encore dans le courant à 3/400 mètres du bord). Mer... dans la "bagarre", je perds sa pagaie... Je lui demande de rester accroché à son kayak, et vais chercher sa pagaie... Quand je reviens, j'ai pris une décision : je vais "leasher" son kayak et lui va rester accrocher à celui ci... Ca va être long, mais au moins on va arriver à quelque chose... 10 minutes après, on a rejoint la côte, et son copain... apparait, tout surpris (il lui en a fallut du temps !), de constater que son copain n'avait pas passé la pointe...
Bon, je sais mon CR est un peu long ! Mais si c'est ainsi, c'est que j'ai à postériori vraiment le sentiment d'avoir vécu "quelque chose de fort", et riche en leçons à en tirer...
1° Que serait-il arrivé si nous n'avions pas été là, par chance ? 2° Quel aurait été la conclusion de cette histoire si comme l'année dernière je guidais encore quelquefois depuis un Tempo, et non pas comme cette année, toujours depuis un Klargo, beaucoup plus stable ? Je dois admettre que je pense que je n'aurais pas été capable au moment où je tentais de l'aider à remonter sur son kayak, bien secoués qu'on étaient, à effectuer la même manoeuvre depuis un Tempo... Et si donc moi je mettais vautré aussi ? Je préfère ne pas y penser 3° Toujours, je dis bien toujours, être vigilant quand on s'adonne à notre pratique... Elle est à risque, et comme j'aime maintenant le répéter à mes clients, "le drame n'est jamais loin, même lors d'une partie de pêche anodine"... 4° Le "conflit" que j'ai eu en début d'année avec plusieurs collègues "guides de pêche en kayak", peu (voire très peu !) expérimentés en pratique du kayak sonne d'autant plus juste à mes oreilles, car je ne vois pas, hier, un pratiquant (ou un guide) peu expérimenté être capable d'aller sortir ce type (35/40 ans et sportif !) du merdier dans lequel il s'était fourré...
A la fin, l'histoire se finit donc bien... mais à combien sommes nous passés près du "drame" ?
Soyez donc ultra-prudents, et... bon vent, Patrick L.