un décryptage de la page fb "Stop aux massacres des bars par les senneurs"
http://www.europarl.europa.eu/RegData/e ... L_STU(2017)601996_EN.pdf
Après que 70 ans de pêche commerciale intensive nous aient conduits à un bilan si accablant, la pêche récréative en mer a de moins en moins de secret pour l'Europe qui s'y intéresse décidément de très près, peut-être grâce au sacrifice récent du bar et à tous ceux qui s'en sont indignés.
Cette étude internationale est pleine d'espoirs pour tous ceux qui vivent avec tristesse ce qui se passe au bord et dans nos océans. L'exemple d'autres pays leader comme les USA est enfin pris en considération : un projet de résolution tonitruant est en gestation, la révolution arrive.
Résumé de l'étude « Marine recreational and semi-subsistence fishing - its value and its impact on fish stocks »
L'activité économique totale générée par l'activité de pêche récréative en mer est de 10,5 milliards €.
Elle a créé pratiquement 100 000 emplois à temps plein.
Il y aurait presque 9 millions de pratiquants en Europe (1,6% de la population).
La conclusion essentielle de l'étude est de proposer que la pêche récréative en mer devienne un secteur à part entière développé par la Politique Commune de la Pêche au même titre que la pêche commerciale et l'aquaculture.
L'exemple de ce qui se fait aux USA depuis déjà bien longtemps est enfin pris en considération. Le tourisme pêche particulièrement développé en Norvège (qui ne fait pas partie de l'UE) et les expériences très réussies en Irlande ou sur l'île de Man sont citées. Le tourisme pêche est enfin considéré comme une voie de développement à privilégier pour les zones côtières en déclin. 
Le travail de fond de nombreux scientifiques émérites est largement utilisé (la bibliographie fait presque 40 pages). 
En corollaire, la recommandation suivante est faite: "Imposer un permis de pêche permettrait de développer les études indispensables pour comprendre ce secteur d'activité, tout en fournissant une liste de pratiquants afin de rassembler les données beaucoup plus simplement par échantillonnage."
Détails de l'étude (140 pages) :
Les espèces les plus ciblées en France sont le bar, les raies et requins, et l'anguille dans toutes les régions, le thon en Méditerranée et dans le golfe de Gascogne, et la morue en mer du nord.
L'étude souligne les multiples lacunes de nos connaissances malgré une obligation datant du début des années 2000 de comptabiliser les prises de morue, bar, maquereau, lieu, anguille, thon rouge, saumon atlantique et truite de mer, et tous les requins et raies par les amateurs en Europe.
Une revue des pratiques récréatives dans les 23 pays européens qui ont une façade maritime fourmille d'informations parfois surprenantes:
-En Belgique, les filets maillants et trémails sont interdits aux amateurs qui ont cependant le droit d'utiliser de petits chaluts à perche ou de fond (!?)
-En France, il y aurait 1 319 000 pêcheurs récréatifs en mer (là où IFREMER en compte 2 500 000 : il va falloir un jour prochain se mettre d'accord).
-Le permis est obligatoire en Allemagne, en Lettonie, en Pologne, mais aussi au Portugal, en Espagne, ou en Slovénie. En Grande-Bretagne, il est obligatoire en eau douce mais pas en mer. En tout, 14 pays européens imposent une forme de permis de pêche en mer sous une forme ou une autre.
-Pas de permis en Irlande pour pêcher le bar qui est interdit aux professionnels, pas de permis non plus en Norvège où un résident peut déployer un filet de 210 mètres de long et une palangre de 300 hameçons, et vendre ses poissons en toute légalité à hauteur de 5300€ par an. Pas de permis non plus en Suède (sauf exceptions locales).
-Sans surprise, l'activité de pêche récréative a été très fortement stimulée par la crise en Grèce.
-En Islande, le NO KILL ("pêche avec relâcher") est interdit pour tous les poissons, mais obligatoire pour le flétan.
-En Hollande, au Danemark et en Finlande, des autorisations sont délivrées aux amateurs pour pêcher au filet maillant, comme chez nous sur l'estran.
Au passage, l'étude dénonce le seuil de 50 kg par espèce en dessous duquel les pêcheurs professionnels n'ont aucune obligation de déclaration pour le débarquement (et ni pour la vente si le bateau fait moins de 10 mètres). Cette disposition nuit gravement à la collecte des données des professionnels, au moment où l'on cherche à mieux connaître celles des amateurs.
La mortalité post relâcher du bar est ici estimée à 5%, celle des "thons" à 5,6%...(?)
En méditerranée et en mer Noire, il n'y a que très peu de données disponibles, autant pour le secteur récréatif que le secteur professionnel de sorte que l'étude est impossible !
Ailleurs, les prélèvements des récréatifs sont supérieurs à ceux des professionnels pour 25 stocks: l'anguille en maintes régions, mais aussi le bar en Espagne (57%-43%), la morue dans le pays de Galles, le maquereau, le lieu (la France est concernée) ou le saumon en mer baltique. Globalement, c'est seulement pour l'anguille que les récréatifs Européens prélèvent davantage que les professionnels (Quid de la piballe?). Leurs prélèvements sont très significatifs pour le lieu et le bar.
L'impact environnemental de la pêche récréative est classé en 14 atteintes identifiées: l'usage des appâts naturels (dissémination d'espèces invasives, ou de pathogènes) et l'utilisation du plomb représentent des risques "élevés", tandis que les prises accidentelles et la recherche commerciale des appâts sont des risques "modérés".